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Entreprises françaises & RSE

Tout le monde a déjà entendu le terme “RSE” au moins une fois dans sa vie. Il y a ceux qui font semblant de savoir ce que ça signifie, ceux qui s’offusquent que la totalité des dirigeants ne l’aient pas déjà tous tatoués sur leur poing, ceux qui l’utilisent dans leur communication parce que “ça rend plutôt bien”, ou encore ceux qui s’arrachent les cheveux à essayer de faire rentrer ces notions dans des cases. Et dans chacune de ces situations, on ne peut nier que la RSE impacte désormais de nombreuses entreprises et directions. Et quitte à devoir composer avec, autant comprendre ses origines, applications et prétentions. C’est ce que les Bosons vous proposent d’investiguer au travers de cette série d’articles sur la RSE.

Et la France, elle en est où en matière de RSE ?

Honnêtement, on s’en sort pas si mal.

Si on se base sur le baromètre Ecovadis publié en septembre 2023, qui mesure et compare chaque année les scores RSE d’organisations du monde entier, les entreprises françaises ont progressé par rapport à 2020, passant d’un score de 54,3/100 à 57,6/100 en 2022 (sachant que selon ce même barème, obtenir une note de 65 ou plus est déjà une sorte de graal). La France se maintenant ainsi dans le top 5 et se place en quatrième position. Certes, nous étions troisièmes en 2021, derrière la Suède et la Finlande. Mais nous restons tout de même plutôt bien placés, meilleurs que certains, moins rapides que d’autres… 

Et nos thématiques phares, qu’est-ce que c’est ?

Ecovadis a retenu quatre périmètres d’évaluation des entreprises : l’environnement, le social et les droits humains, l’éthique, les achats responsables. En il serait mentir que de dire que la France se démarque fortement sur uniquement l’une d’entre elles, notamment car les scores fluctuent selon les tailles d’entreprises. 

Par exemple : 

  • Pour les entreprises de plus de 1 000 salariés, le point fort reste l’environnement, suivi du social et des droits humains, de l’éthique et enfin des achats responsables. Mais la progression la plus importante enregistrée se trouve dans l’éthique, dont le score augmente nettement plus  rapidement que pour les autres thématiques. 
  • Pour les entreprises de moins de 1 000 salariés, les progressions sont fortes dans trois thématiques : l’environnement (+6,4), le social et les droits humains (+6,8), l’éthique (+6,8). En revanche, les achats responsables enregistrent une hausse plus modérée (+2,7). Le point fort de cette typologie d’entreprises : le social et les droits humains.

Si les entreprises de moins de 1 000 salariés progressent plus rapidement que les grandes entreprises françaises, c’est aussi parce que ces dernières ont déjà atteint des scores assez élevés, et que les attentes sont plus fortes pour cette catégorie. En clair : c’est plus compliqué de gagner des points quand on est un géant économique que lorsque l’on est une plus petite structure.

Les secteurs stars

Parmi les secteurs qui se démarquent, on retrouve la construction, la finance-conseil et la distribution-retail. Globalement, la France est au dessus des moyennes européennes, mais ces trois secteurs accomplissent même l’exploit de dépasser les pays nordiques, premiers de la classe en beaucoup de matières !

Les bons élèves : les PME françaises !

Les entreprises de 25 à 100 salariés ont enregistré la plus forte progression sur ces cinq dernières années, avec une hausse de huit points. 

À relever : 28% des entreprises françaises ont un score RSE supérieur à 65, versus 19% en Europe. Pour Ecovadis, un score dépassant les 65 indique qu’une entreprise a bien intégré les enjeux de RSE auxquels elle est confrontée dans son système de management, via une politique structurée, et qu’elle partage ses résultats de manière transparente. Bref, plus de 65 signifie que l’entreprise est une vraie bonne élève, et nous avons 28 % des entreprises notées par Ecovadis qui atteignent ce score. 

Et nos entreprises chouchoutes ?

De deux choses l’une : il y a les entreprises qui se démarquent statistiquement, et celles qui nous marquent mentalement. Prenons le dernier classement du Point : les premières entreprises en termes de RSE et de gouvernance seraient Schneider Electric, Sopra Steria Group, L’Oréal, Icade et Randstad. En revanche, si on donne la parole aux jeunes, et qu’on leur demande quelles entreprises françaises les impressionnent sur ce point, alors le podium change totalement : Décathlon, Blablacar, Carrefour, EDF et SNCF. Pas deux entreprises similaires entre les différentes sélections. 

Et toutes s’en tirent finalement plutôt à bon compte selon leurs objectifs : les premières, orientées majoritairement B2B, cherchent à rassurer les investisseurs et le conseil d’administration, et ont besoin d’être bien notées pour gagner des parts des marchés, répondre à des appels d’offres d’ampleur, etc. Quand les secondes ont besoin d’être appréciées par le grand public pour pouvoir se développer. 

Donc globalement, on n’est pas mauvais, mais on peut quand même s’améliorer

Et ça n’ira que crescendo (normalement), car la France fait partie des pays où le plus grand nombre d’entreprises ont lancé la démarche de se faire évaluer par Ecovadis : 6 826 organisations françaises évaluées, sur un échantillon total de plus de 62 000 entreprises, avec près de 26 000 dans l’UE, et 1 641 localisées dans les “pays nordiques”.

Nous pouvons donc applaudir les entreprises françaises sur ce point : elles sont bien plus nombreuses que la moyenne à se risquer à l’exercice de l’évaluation RSE par un organisme tiers, et à s’y tenir chaque année. Cet engouement traduit une évolution sociétale plus profonde, et laisse présager une augmentation de ce score dans les années à venir. Plus on est inscrit depuis longtemps, plus les scores grimpent, Ecovadis étant censé proposer chaque année des pistes d’amélioration.

Et pour mieux faire, on commence par quoi ? 

Nous ne vous apprendrons rien en énumérant les étapes clés pour savoir si oui ou non une entreprise est bonne élève en matière de politiques sociales, environnementales et de gouvernance : tout commence par un bon diagnostic, passage certes chronophage mais obligatoire pour mettre en place une feuille de route ajustée. Cette première étape passée (félicitations, vous avez sûrement gagné des cheveux gris), il s’agira alors d’identifier les leviers d’actions prioritaires pour votre entreprise, en impliquant l’ensemble de vos parties-prenantes dans ce choix (collaborateurs, partenaires, fournisseurs, clients, etc.). Pas une mince affaire non plus, car l’ensemble des intuitions et volontés ne pourront être contentées. Enfin, une fois la feuille de route tracée à court, moyen et long terme, il s’agira de s’assurer de sa mise en œuvre, et de vérifier chaque année si les mesures ont eu l’effet escompté, si certaines décisions ne sont pas adaptables, ou ajustables. Typiquement, qui pouvait prévoir les effets du Covid sur la santé mentale de l’ensemble des français ? Et pourtant, les politiques sociales RH, et donc les politiques RSE, ont dû s’adapter. Ce n’est pas une mince affaire, mais plutôt un travail à temps plein. Et pourtant, le jeu en vaut la chandelle : meilleure attractivité et rétention des jeunes talents, meilleure appréhension des investisseurs, meilleure perception de la part des clients, etc. 

Quelques idées d’amélioration ? Allez, c’est cadeau ! 

Agentis a lancé un projet de “congés de solidarité internationale” : deux salariés peuvent partir deux semaines, en simultané, au Togo afin d’aider les agriculteurs locaux. 

Les résultats : Agentis a enregistré une hausse de la motivation et du bien-être de ses collaborateurs qui sont engagés dans un projet commun.

April a mis en place April for me, une carte de services pour ses collaborateurs permettant de contacter une cellule d’écoute et d’accompagnement externe en toute confidentialité, lorsque l’on doit affronter des aléas de la vie.

Résultats : 300 collaborateurs ont fait appel à ce service la première année. Il a ensuite été proposé en marque blanche à l’externe, et plus de 40 700 personnes ont désormais une carte “cellule d’écoute” dans le monde.

Lyreco se fixe mensuellement de nouveaux objectifs environnementaux, et suit annuellement les résultats des actions menées, avec comme fil rouge la biodiversité.

Résultats : l’entreprise a réussi à réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 2016 et 2017, de 17 % sa quantité de déchets entre 2010 et 2018?

Nespresso a lancé le programme Detox Mail, qui permet aux collaborateurs de prendre conscience de leur activité en termes d’emails et de dépolluer leur boîte d’envoi et de réception. 

Résultats : le programme a enregistré un franc succès auprès des collaborateurs qui ont été séduits par la simplicité et les effets de ce programme.

Et pourquoi pas vous dans les prochaines inspirations ? Vous avez une initiative réussie à nous partager ? Un point bloquant à débloquer ? Une casse-tête à résoudre ?

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