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février 2024
Tout secteur
Il y a quelques jours, Jeanne Dussueil interviewait deux Bosons expertes des espaces de travail, Fleur Cabeli et Anne-Sophie Winiszewski, pour la newsletter Anywhere de Deskapad. On vous restitue ci-dessous leurs échanges !
Fleur : Effectivement, pour les populations concernées par le télétravail, on est aujourd’hui capable de travailler depuis n’importe quel lieu.
Ce qui a changé fondamentalement c’est qu’avant, le bureau était le lieu de référence du travail, le lieu de référence pour effectuer son travail, c’était circonscrit. On avait un rythme et une ambiance de travail partagée et on se synchronisait grâce à des rencontres physiques.
La crise a eu pour effet d’éclater à la fois notre unité d’espace qui nous rassemblait et elle a aussi bouleversé l’unité de temps, quand on se rencontre. Depuis l’année dernière on entend parler de l’asynchrone, le fait de rompre avec des journées de travail à heures fixes.
Aujourd’hui, on teste une nouvelle réalité plus flexible, où notre espace de travail est à la fois numérique et physique et où le rythme de travail a aussi évolué. Ce fameux modèle hybride dont on parle tant et qui demande d’être tout terrain.
Donc, nous avons à la fois des espaces éclatés et un rythme qui a évolué.
Et ce dont on a encore du mal à se rendre compte, c’est que nos entreprises se sont virtualisées. La collaboration et nos relations passent désormais en majorité par le filtre d’une interface numérique (emails / Slack / Teams, etc).
Donc la question qui arrive est : Comment est-ce qu’on jongle avec les rythmes de chacun et les impératifs collectifs ? Comment on travaille ensemble demain avec cette nouvelle donne ?
Anne-Sophie : Pour en revenir à la question du bureau, le bureau est avant tout un lieu où l’on vient chercher des interactions véritables. C’est un peu le lieu qui rend vivante l’expérience de l’entreprise et qui permet de souder des collectifs aujourd’hui éclatés.
Donc le bureau doit avoir plusieurs caractéristiques :
En clair, le bureau est le lieu qui traduit le projet d’entreprise.
Anne-Sophie : Pour nous, le premier piège dans lequel il ne faut pas tomber est de penser qu’il y a un seul modèle : on ne croit pas au one size fits all. Il appartient à toutes les entreprises d’inventer leur futur modèle de bureau et une politique immobilière qui portent leurs couleurs, qui assument leur singularité.
Les projets immobiliers n’en sont jamais en réalité : ce sont toujours des projets humains qui se cachent derrière.
L’enjeu du moment est surtout de retrouver une forme de stabilité et de dialogue avec des équipes fragilisées.
En pratique, on passe par 3 grandes étapes, en partant de l’essentiel :
1/ On fait le retour d’expérience et un état de l’existant avec les équipes pour embarquer et donner un tableau de bord juste de l’existant
2/ On croise ensuite ces enseignements avec une des inspirations externes :
3/ Ces éléments permettent d’arbitrer sur partis pris forts
C’est sur cette base que l’on va concevoir des bureaux et tester de nouveaux modes de travail.
Chez Boson, on embarque le corps social en prenant en compte les spécificités et enjeux de chacun, on part des modes de travail pour imaginer les bureaux de demain.
*“Enquête réalisée fin 2020-début 2021 auprès de 23 membres dirigeants de Grands Groupes Français, mandatée par Nexity, Morning et la Banque des Territoires. À télécharger ici.
Fleur : Il y a un élément intéressant à observer, c’est le timing de l’étude entre deux confinement et donc l’évolution des réflexions avec le temps :
Ce qu’on tire comme leçon est que les entreprises chez qui on trouvait une espèce de normalisation (tout le monde avait le même contrat RH et le même espace de travail) assument de plus en plus leur singularité culturelle, et leurs façons de faire : digital et hybride chez certaines, tout proximité et présentiel chez d’autres. On a une différenciation forte : les entreprises construisent des modèles en assumant leur singularité.
Fleur : La dernière grande conséquence de l’enquête, c’est ça : l’archipellisation des lieux de travail. C’est un terme qu’on a un peu inventé, ou en tous cas ressorti de nos vieux livres de géographie.
Cela veut dire qu’au lieu d’avoir un seul lieu de travail, le bureau, on tend vers un archipel de lieux où il devient possible de travailler (pour les travailleurs qui sont éligibles au télétravail, car on ne le dira jamais assez, mais ça ne concerne bien sûr pas tous les travailleurs en France, loin de là ).
Mais pour les employés de bureau en tous cas on a de nouveaux lieux possibles pour travailler, qui peuvent être :
Anne-Sophie : Cette enquête nous a montré que les entreprises sont majoritairement en train d’étudier ces différentes solutions, ou projettent de les étudier à moyen terme.
Et ça a des conséquences sur le bureau évidemment : l’archipellisation ça veut dire qu’on a le choix, donc ça veut dire que le bureau doit devenir plus que jamais attractif, et proposer des choses qu’on ne peut pas faire ailleurs. Cela va être le grand défi pour les directeurs immobiliers, et pour tout le secteur immobilier dans les années à venir.
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